Les diasporas
Le terme diaspora est un mot de grec ancien qui désigne la dispersion d’une communauté ethnique ou d’un peuple à travers le monde. Les premières diasporas sont les diasporas grecques de l’Antiquité : ainsi la diaspora phocéenne (de la cité de Phocée) fonda Massalia vers -600 (future Marseille).
À l’origine, ce terme ne recouvrait que le phénomène de dispersion proprement dit. Aujourd’hui, par extension, il désigne aussi le résultat de la dispersion, c’est-à-dire l’ensemble des membres d’une communauté dispersés dans plusieurs pays.
La définition d’une diaspora
Trois caractéristiques essentielles :
- la conscience et le fait de revendiquer une identité ethnique ou nationale.
- l’existence d’une organisation politique, religieuse ou culturelle du groupe dispersé (vie associative).
- l’existence de contacts sous diverses formes, réelles ou imaginaire, avec le territoire ou le pays d’origine (l’intégration d’un groupe diasporé ne signifie pas l’assimilation dans le pays d’accueil).
La définition adoptée peut cependant être plus ou moins restrictive selon les chercheurs, certains faisant de la perte du territoire d’origine un préalable, d’autres comme Michel Bruneau insistant davantage sur la dispersion dans des pays différents. C’est un point de débat.
La dispersion dans les pays d’accueil
L’espace d’une diaspora est un espace transnational diffus et réticulé, fait d’une multitude de noyaux dispersés, centres de communautés, et d’une multipolarité sans hiérarchie stricte. Le lien communautaire est essentiel pour la pérennité de la diaspora. Il s’établit à partir de différents ancrages (maison familiale, quartiers, édifices religieux, sièges d’associations) et se développe à travers de nombreux réseaux (filières et cultures régionales).
La mémoire et le territoire d’origine
La mémoire joue un rôle important dans la structuration des communautés et peut s’inscrire en référence à un territoire réel ou mythique lorsqu’il est inexistant. La référence au territoire d‘origine est particulièrement forte pour les diasporas issues de la vaste zone eurasiatique, naguère lieu de prédilection des empires multiethniques. Le rapport entre les diasporas et l’État-nation est difficile, quand ce dernier s’accompagne d’homogénéisation ethnique, donnant lieu parfois à des massacres (en Turquie : génocide des Arméniens). Mais les diasporas ont largement contribué à créer, repeupler leur État-nation (Grèce, Arménie, Israël, Québec). Parfois, la diaspora est utilisée comme une extension de la politique du territoire d’origine, et inversement elle peut faire pression sur la politique extérieure, comme la diaspora juive aux États-Unis.
Le système spatial de la diaspora et l’État-nation
Cadre historique des diasporas :
- grands empires multiethniques ;
- empires coloniaux (empire britannique, empire russe).
Les diasporas se redéploient de plus en plus dans les pays du nouveau monde (Amérique du Nord et du Sud, Australie). Les phénomènes de circulation migratoire (territoire d’origine-territoire d’accueil) tendent à se généraliser avec les progrès des techniques de transport et de communication. Dans l’État-nation post-moderne, les diasporas sont moins assimilées qu’intégrées et conservent une certaine autonomie.
Mondialisation et structuration des diasporas
Les territoires d’origine des diasporas sont souvent de grands isthmes à l’échelle mondiale : Moyen-Orient, Asie du Sud est et Amérique centrale-Caraïbes. Les diasporas peuvent également être issues de zones de fortes pressions démographiques et de pauvreté relative (diasporas « prolétaires » qui à la seconde génération deviennent de vraies diasporas, car elles ont les moyens d’auto-développement).
C’est seulement à partir du xixe siècle que les diasporas se sont mondialisées.
Avec l’essor des nouvelles technologies de l’information et de la communication, les médias sociaux permettent de maintenir des liens beaucoup plus forts avec la communauté d’origine. Non seulement les interactions avec les personnes de cette communauté sont facilitées avec ces technologies numériques, mais de plus ils se normalisent par rapport aux relations entretenus dans la vie quotidienne qui se numérisent elles aussi. De plus, des sites dits « diasporiques » véhiculent ce sentiment communautaire. Produits par des communautés transnationales depuis un des lieux de dispersion, organisés selon un ou plusieurs éléments culturels communs (religion, ethnie, nation d’origine, etc.) et s’adressant aux membres de cette communauté soit compris dans une certaine aire géographique soit de par le monde, ils représentent une numérisation des liens communautaires de la diaspora et permettent les interactions entre les différents membres de la communauté. Ces sites servent des buts variés, lutter contre les stéréotypes comme le site « Mathematicians of the African Diaspora », partager autour d’une spécificité culturelle et d’une spécificité technique comme le site de l’Association des Informaticiens Juifs de France ou encore comme le site « Origines Vietnam » aider les enfants adoptés à retrouver leurs anciennes familles, voyager dans leur pays d’origine et découvrir la langue et la culture. L’évolution des médias « diasporiques » est difficile à prévoir car ils ne sont réellement efficaces que depuis l’arrivée relativement récente d’internet et les études sont encore en cours.
Trois grands types de diasporas
On peut scinder les diasporas en trois types :
- pôle entrepreneurial : influence des entreprises et de l’État-nation de plus en plus forte ;
- pôle religieux et linguistique : religion trop diversifiée, peu d’impact de l’État-nation d’origine ;
- pôle politique : lorsque le territoire d’origine est dominé par une puissance étrangère.